Revue de presse

"Enseignement catholique : le choix de l’école privée hors contrat" (La Croix, 27 mars 24)

27 mars 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Analyse Des parents, en nombre croissant, inscrivent leurs enfants dans des établissements privés hors contrat, notamment poussés par des motivations religieuses. Si le hors contrat confessionnel reste très minoritaire, il doit néanmoins cohabiter aujourd’hui avec l’enseignement catholique sous contrat.

Guillaume Daudé

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En 2023, près de 100 000 élèves étaient scolarisés dans plus de 2 500 établissements privés hors contrat selon l’annuaire des écoles libres (1). Un chiffre considérable, alors que, il y a dix ans, ils ne comptaient que quelques dizaines de milliers d’élèves.

Un hors contrat en développement
Pour l’historien Charles Mercier, cet essor a principalement deux causes : d’une part, l’attachement à des pédagogies alternatives, alors que l’enseignement public et le privé sous contrat partagent une même culture pédagogique ; d’autre part, une volonté d’affirmer une identité religieuse plus centrale et authentique, alors que l’enseignement sous contrat, victime en quelque sorte de son succès auprès de familles de tous horizons, se banalise et se rapproche du public.

« Depuis les années 1980 s’affirme une revendication de liberté de choix de l’éducation qu’on souhaite pour ses enfants et de maîtrise des enseignements. Les parents d’élèves du hors contrat sont souvent très engagés dans les structures de direction. Du fait de leur investissement financier et du don de leur temps, ils ont beaucoup d’attentes », explique l’historien.

Des motivations religieuses ?
Le hors contrat confessionnel reste encore marginal : la grande majorité des groupes scolaires est aconfessionnelle (1 450) et environ 250 sont catholiques. Ce sont plutôt les écoles proposant des pédagogies alternatives qui ont le vent en poupe, notamment les 750 écoles Montessori. Elles ne scolarisent toutefois en moyenne que 35 élèves contre environ une centaine dans les écoles catholiques – dont on ne connaît pas le nombre précis d’élèves.

Michel Valadier, directeur de la Fondation pour l’école, qui s’est donné pour mission depuis 2008 de soutenir et promouvoir l’école indépendante, constate une croissance naturelle du hors contrat catholique : « Une fois le primaire créé et dans la mesure où il grossit, la suite est mise en place ; ainsi, la moitié des nouveaux établissements sont des collèges. » Qu’est-ce qui pousse à ces nouvelles créations ? « Sans compter les quelques communautés religieuses traditionalistes déjà là il y a trente ans, la première motivation pour fonder ces écoles est religieuse, en réaction à l’affadissement de la dimension chrétienne de l’enseignement catholique : vouloir commencer la journée par la prière, inscrire l’instruction religieuse dans l’emploi du temps, etc. », avance-t-il.

Des relations ambivalentes avec l’enseignement catholique
Cette croissance du hors contrat n’est pas toujours bien vue par l’enseignement catholique. « Cela dépend beaucoup des diocèses », témoigne Michel Valadier. L’évêque ou son délégué à l’enseignement catholique peut ainsi se montrer méfiant face à une demande de création d’école hors contrat et préférer reporter un tel projet – notamment en avançant le danger d’une offre concurrentielle alors qu’il reste déjà peu de familles catholiques dans le sous contrat. « Des fondations se font parfois sans l’autorisation de l’évêque, pour la demander ensuite et être reconnues six mois plus tard », rapporte-t-il.

Dans d’autres diocèses, la cohabitation est davantage normalisée. Dans celui de Versailles, qui compte le plus d’élèves scolarisés dans le hors contrat, les échanges de professeurs sont courants entre les deux réseaux, assure-t-il. Au niveau national, l’enseignement catholique prépare d’ailleurs une note à l’intention des évêques sur l’attitude à adopter face aux écoles hors contrat catholiques.

Bien que le hors contrat ne représente que 1 % des élèves scolarisés, son essor pourrait avoir pour impact, selon plusieurs observateurs, de pousser certains établissements de l’enseignement catholique à mettre davantage en avant leur « caractère propre » inscrit dans le contrat d’association.

(1) L’éducation nationale recensait 1 900 établissements hors contrat à la rentrée 2022."


Voir aussi tout le dossier La Croix : "L’école catholique, un modèle questionné" (mars 24) dans Ecole privée dans la rubrique Ecole (note de la rédaction CLR).


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